Homepage Review – Les Chemins de la mémoire

{…} La mémoire sourd d’un groupe qu’elle soude, ce qui revient à dire, comme Halbwachs l’a fait, qu’il y a autant de mémoires que de groupes : qu’elle est, par nature, multiple et démultipliée, collective, plurielle et individualisée. L’histoire, au contraire, appartient à tous et à personne , ce qui lui donne vocation à l’universel.{…}[2]

Les chemins de la mémoire est un site d’histoire de trois grands conflits du XXème siècle : la Première Guerre mondiale, la Guerre civile espagnole et la Deuxième Guerre mondiale. Il est le fruit de la collaborations entre institutions d’histoire de six pays européens : la France (Mémorial de Caen), la Belgique (Centre d’Études et de Documentation Guerre et Sociétés Contemporaines), l’Espagne (Museo de la Paz), l’Allemagne (Haus der Geschichte der Bundesrepublik Deutschland), la Grande Bretagne (D-Day Museum) et l’Italie(Instituto per i Beni Culturali).

La découverte du site se fait par thèmes et cartes . On commence par choisir un des trois conflits et un des pays[3]. A ce moment là nous nous retrouvons face à une liste de sujets, qui varie selon le pays[4] (ainsi, pour donner un exemple, pour la Première guerre mondiale en France les sujets proposés sont : « opérations militaires, occupation du territoire et la guerre à l’arrière »). C’est seulement après avoir choisi l’un de ses sujets que nous pouvons vraiment voyager sur la carte et cliquer sur la localité qui nous intéresse (des brefs résumés apparaissent à coté de la localité lorsqu’on passe la souris dessus . Ces résumés varient en longueur (dans les notices allemandes ils sont généralement fort longs alors que les français se limitent à quelques mots) et nous permettent de ne pas faire de choix aléatoire ni perdre du temps sur une notice qui traite de sujets qui nous intéressent moins)). Il nous est de plus possible de consulter une « fiche touristique » pour chaque localité. Les sujets traités dans les notices dépassent le registre militaire[5], et explorent différents secteurs de la vie durant les 3 conflits (politiques, économiques, sociaux, technologiques). L’anecdote ou événement précis qui est directement associé au lieu qu’on a choisi sur le site est contextualisé dans la notice et ainsi on sort de la mémoire pour faire de l’histoire.

Les notices ont étés rédigées par des historiens diplômés sous la coordination de professeurs d’histoire et de centres de recherche en histoire : on peut donc aisément  faire confiance aux informations partagées sur ce site. D’autre part, les textes des notices sont fort bien rédigées[6] et peuvent s’adresser à un public large tant qu’il partage une certaine curiosité et intérêt pour l’histoire. Le site est traduit en 6 langues différentes .

Cependant bien que le contenu du site soit fort intéressant, la forme pourrait être retravaillée. Les notices pourraient être enrichies de plus de documents iconographiques et se faire des renvois entre elles[7].

Il y a de plus une omission assez grave dans le texte d’introduction à la Première Guerre mondiale ou lorsqu’on parle de la désagrégation d’empires on ne cite pas l’Empire ottoman. Bien que cela ne soit pas le sujet principal, cette information reste indispensable.

Comme nous l’avons dit plus haut, il n’est pas question des causes qui ont entraîné les guerres dans les introductions ce qui est dommage mais compréhensible. Ce site demeure toutefois une belle initiative collective qui , nous l’espérons, se perfectionnera avec le temps en élargissant l’espace étudié à plus de pays et à une plus grande profondeur d’analyse (en collaborant mieux les uns avec les autres).

 


[1] http://www.lescheminsdelamemoire.net/1gm/l.asp?ver=all. Nous n’avons trouvé aucune date sur ce site qui pourrait nous indiquer quand il a été crée .

[2] Citation de Pierre Nora dans PROST (Antoine), Douze leçons sur l’histoire, Paris, Seuil, 1996, pp. 299-300.

[3] Après avoir fait le choix du conflit , un texte général d’introduction nous apparaît dans la gauche .  Ce texte se limite à une brève description événementielle du conflit. Il n’apprend pas grande chose sur les enjeux ni causes du conflit qui est sorti de son contexte historique. Je pense personnellement que cette omission est voulue et que c’est simplement dû à un échec dans les discussions entre historiens des 5 pays différents qui n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur un texte explicatif « neutre » qui ne donnerait pas avantage à une vue nationale sur une autre et qui pourrait aussi attiser des vieilles tensions … Finalement  plutôt que de rapprocher les Européens, le site leur donnerait des raisons pour se diviser.

[4] Ainsi par exemple dans la partie dédié à la Première guerre mondiale en France , un des sujets proposés est « occupation du territoire ». Ce sujet n’apparaît pas lorsqu’on choisi l’Allemagne durant le même conflit ce qui est logique vu que cette dernière n’avait pas subit d’occupation.

[5] On ne se limite pas à nous montrer les foyers de grandes batailles, massacres, bombardements…

[6] C’est aussi l’avantage de travailler avec des institutions qui ont l’habitude de « communiquer » l’histoire au public à travers les musées, etc.

[7] Il y a souvent dans les notices des mentions d’événements ou faits  emblématiques de l’époque étudié qui ne sont pourtant pas connues de tout le monde, et qui , parce qu’elles sont expliquées dans d’autres notices, elles ne le sont pas dans la leur . Il faudrait au moins mettre un renvoi entre notices qui pourrait faciliter la compréhension de l’entièreté du texte. Un exemple : la notice de Mouilleron-en-Pareds, lieu de naissance de Clémenceau, fait une biographie de ce dernier. Elle mentionne l’ « affaire Mata Hari » dont il fut principal acteur sans en donner plus d’informations.  Pourtant la notice de Vincennes, lieu ou Mata Hari fut fusillée explique l’histoire . Une continuité entre notices qui peuvent se compléter devrait être mise en place à travers des renvois. Le visiteur du site moyen pourrait dans le cas contraire se décourager face à des notices trop encyclopédiques dont il ne saisirait pas les vrais enjeux.

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