Narrating Europe: un exercice de réflexivité

Ce texte a été préparé pour une séance du séminaire ‘Narrating Europe” organisé par Benoît Majerus pour le Master Histoire européenne contemporaine de l’université du Luxembourg. Le séminaire se penche sur les différents types de narration existant actuellement sur l’histoire de l’Europe, en invitant historiens, muséologues, ‘digital humanists’ travaillant sur l’Europe.

Ce billet est publié simultanément sur Devenir historien-ne et sur h-europe.

Ego Histoire (1) — L’Europe à toutes les sauces

Je crois n’avoir pas cessé d’étudier l’Europe dans le sens “construction européenne” depuis le milieu du collège français, soit depuis que j’ai 13-14 ans. Dans un sens plus large, l’histoire de manière générale est enseignée à l’école dès 6 ans en France, et en particulier l’histoire de l’Europe, même s’il y a réorientation, dans les programmes les plus récents, vers une histoire plus globale1.

Cette enseignement scolaire de l’histoire de l’Europe est associée à un enseignement scolaire géographique de l’Europe – l’association entre histoire et géographie dans l’enseignement primaire et secondaire en France est particulièrement importante.

Ceci est propre à l’enseignement dans toute la France. Au fur et à mesure des années, le programme a été plus précis, jusqu’à celui de Terminale (scientifique mais avec un programme d’histoire géo important), où l’enseignement de l’histoire de l’intégration européenne et de l’Union européenne dans un sens géographie humaine est devenu assez pointu.

À cet enseignement, classique pour un Français, s’ajoute la couche Alsace-Moselle. En France, tout le monde le sait, l’Alsace-Moselle est responsable de trois guerres entre la France et l’Allemagne (1870, Première et Deuxième Guerres mondiales)- c’est complètement faux, mais c’est parfois vécu comme ça. La proximité avec l’Allemagne, un amour-haine constant des Alsaciens pour l’Allemagne et pour la France, donne une résonance particulière à cette région, qui, à chaque élection, oscille entre ouverture vers l’Europe et repli identitaire alsacien ou Français. Bref, si l’Europe – toujours au sens “intégration européenne” – a pu laisser beaucoup de citoyens français indifférents, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, ça n’a jamais été le cas en Alsace, d’autant plus que Strasbourg, ma ville natale et où j’habite à nouveau, a accueilli plusieurs organisations européennes (Conseil de l’Europe, CEDH, Parlement européen).

En clair, quand je commence mes études de sciences politiques à Strasbourg avec la ferme intention de devenir journaliste politique, je suis très favorable à l’Europe, à l’image de ma ville et de ma région natales.

Ego Histoire (2) – Études et recherches

L’enseignement dans les Instituts d’Études politiques français est partagé entre Droit public (français, européen, international), économie politique, sociologie politique et histoire. Une très grande partie des trois ans d’études ont été consacrées, toujours, à l’intégration européenne, sous ces quatre angles.

Pourtant, ce n’est pas l’intégration européenne qui a été le sujet de mes recherches. J’ai plutôt recherché, toujours en tant que bon Alsacien dont la grand-mère, née allemande, a été réintégrée dans la nationalité française et dont le grand père a fui les troupes allemandes en allant à Alger, à comprendre ce qui s’est passé entre les deux guerres mondiales.

Rencontrant mon futur directeur de thèse, Sylvain Schirmann, j’ai commencé par un mémoire sur la politique économique française de 1936 à 1939, vue par un journal anglais The Economist. Cette orientation histoire des relations internationales économiques de l’Europe s’est confirmée en DEA (Master 2) avec l’étude de la mission van Zeeland. Cela a été suivi d’une thèse sur Hjalmar Schacht, rencontré lors de mes premières recherches: je suis passé tout doucement de la France à l’Allemagne, mais en gardant quelque chose de central. Comment organiser économiquement, financièrement et monétairement le continent européen (ce qui rejoint le cœur des recherches de mon directeur de thèse)?

Ces recherches ont finalement rejoint la question de l’intégration européenne. Bien que n’ayant pas directement étudié la Seconde Guerre mondiale elle-même, ses causes me sont bien familières. Je comprends, ce qui est très classique, l’histoire de l’intégration européenne comme une volonté de paix. Paix politique, mais aussi économique et monétaire – c’est important de s’en souvenir.

Il y a dans les années 1920 et 1930 de nombreuses tentatives de pacifier l’Europe. Elles sont de natures très diverses, ce qui permet de comprendre ce qui peut marcher et ce qui ne peut pas marcher. L’impérialisme, du pauvre (France dans la première moitié des années 1920, Soutou), de la race ou autre, ne peut marcher. Inscrire durablement la revanche dans des plans politiques, économiques, financiers a lamentablement échoué. Vouloir la domination militaire ou raciale a mené à une catastrophe sans précédent. Mais les tentatives d’entente politique ont aussi buté sur un écueil fait d’économie, de monnaie et de finances qui dysfonctionnent.

Du coup, lorsque l’on regarde les tentatives intégratrices (pacifiques) de l’Europe dans les années 1920 et 1930, on s’aperçoit que ce qui a fonctionné a plutôt été dans le domaine économique et, dans une moindre mesure, monétaire. Économique? En fait, industriel: ce sont les cartels internationaux. On citera, puisque l’on est au Luxembourg, celui de l’acier, bien sûr. Dans le domaine monétaire, l’entre-deux-guerres, sans inventer la coopération entre banques centrales, l’institutionnalise fortement: les comités économique et financier de la Société des Nations jouent un rôle important. Puis, la fondation de la Banque des règlements internationaux, à Bâle, est un événement sous-estimé, mais majeur: une fois par an, les banquiers centraux de nombreux pays dans le monde se rencontrent. Un nombre plus restreint discute tous les mois. De nombreuses informations circulent alors. Dans le domaine monétaire, la BRI réussit ce que la SDN n’a que partiellement fait, du moins jusqu’à l’avènement de la Seconde Guerre mondiale.

En parallèle, je mentionnerais quand même – c’est un petit point de comparaison avec les technologies de l’information d’aujourd’hui – que ceci (la BRI, la SDN) n’est possible que par l’expansion de nouveaux moyens de communication matériels (l’avion) et immatériels (la radio et dans une bien moindre mesure la télévision).

Quelles conclusions tirer rapidement de mes recherches sur l’entre-deux-guerres en relation avec la manière dont je “raconte” l’Europe dans mes recherches:

  • L’entente entre la France et l’Allemagne doit exister;
  • Cette entente ne peut être qu’inclusive, notamment en relation avec le Royaume Uni et l’URSS puis la Russie – sur ce point, il n’y a pas le choix;
  • La construction européenne doit permettre d’amener la paix en Europe;
  • Elle doit être globale: la construction européenne ne peut être que politique ou qu’économique.

Ego Histoire (3) – 1989-2005

Cette vision de l’Europe, cette manière de la raconter, a vite été troublé. Le récit que je viens de faire n’est en fait pas si linéaire que ça.

1989-2005? Quel est le sens de ces dates? Je crois que 2005 s’explique de lui-même: c’est l’échec du traité constitutionnel européen, par les Français et les Néerlandais. À mon niveau personnel, c’est une réflexion aussi sur le sens de l’intégration européenne.

La paix est un acquis. Expliquer que l’ont fait l’Europe pour la paix n’est plus suffisant. Expliquer que l’Europe, c’est le marché unique n’est plus suffisant. Il y a manque de politique, très certainement – c’est aussi ce qui a manqué à la zone euro depuis 2008. Mais comment combler ce manque politique? Je n’ai pas de réponse à cette question.

La paix est un acquis? Oui, très certainement car nous n’avons plus eu de conflit en Europe occidentale depuis 1945. Certes.

Mais il y a eu 1989. La chute du Mur. Le discours, aussi, de Milosevic à Gazimestan. Célébrant les 600 ans de la bataille du Kosovo perdue par les Serbes contre les Ottomans, Milosevic prononce ouvertement un discours nationaliste serbe, faisant référence à la possibilité de recourir aux armes par la Serbie, alors l’un des États de la Yougoslavie. C’est lors de ce discours que commence, de fait, la guerre de Yougoslavie, traumatisme de l’Europe.

À l’image de la crise de l’euro aujourd’hui, la guerre en ex-Yougoslavie a montré toutes les failles de l’Europe, dans un sens large: l’Union européenne, à peine née (transformée de CEE en UE), est impuissante – ses membres ne lui ont pas donné les moyens de réagir. L’Ex-Yougoslavie montre que si le couple franco-allemand ne fonctionne pas (reconnaissance de la Croatie par l’Allemagne, attitude ambiguë de François Mitterrand vis-à-vis de la Serbie), l’Europe ne fonctionne pas.

1989 est suivi de nombreuses tribulations de l’Europe, qui marque l’entrée de l’intégration européenne dans les opinions publiques européennes. On parle de déficit démocratique de l’Union, à plus ou moins juste titre. On devrait parler de manque de légitimité démocratique. Le traité de Maastricht soulève une très vive et plutôt nouvelle opposition à la construction européenne, telle qu’elle s’est faite, en France (référendum de 1991). Mais aussi dans d’autres pays: Norvège, qui refuse d’entrée pour la seconde fois, Irlande, Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni… mais finalement aussi l’Allemagne, même si c’est relativement tabou de le dire.

La période de 1989 à 2005 montre le paradoxe de l’Europe: là où elle a réussi (la paix), elle n’a pas assez réussi (Yougoslavie) et on ne lui donne aucun crédit (mon argument pour 2005: parler du couple franco-allemand ou de la paix n’a plus d’influence dans le débat public lors d’un vote européen). Là où elle a été fondée (l’économie), elle est radicalement remise en cause de tous les côtés (libéraux car trop dirigistes, certaines parties de la droite et de la gauche car ne laisse pas les Nations suffisamment souverainistes). Là où elle essayé de s’implanter dans les années 1990 et 2000, elle est soit face à ses contradictions (l’euro), soit en déroute complète (les Affaires étrangères).

En quoi tout ceci a-t-il influencé mes recherches? En 2008, quand un collègue de Strasbourg, alors que je commençais à travailler au CVCE, à Luxembourg, est venu me parler d’un programme de conférences sur les oppositions à l’Europe dont il fallait chercher le financement, j’ai immédiatement accepté.

Ce thème a été très nettement négligé – sauf autour du rejet de la CED par la France en 1952, et encore – par les historiens. Il est abordé de manière étrange par les juristes (on contourne les oppositions à l’Europe) et a été un peu plus creusé par les sciences politiques.

J’ai ainsi, après une série de conférences, lié le CVCE à ce projet – ce qui nous a permis d’enregistrer tous les séminaires, et m’a permis de co-diriger (et donc de lire dans le plus grand détail les contributions, venues de toute l’Europe) le premier volume issu de ce programme sur les oppositions à l’Europe.

Étudier les oppositions à l’Europe est très intéressant, car il montre ce qui manque à l’Europe. L’année de ce programme sur les oppositions à l’Europe (2008), j’ai également participé à un colloque sur les 50 ans du congrès de La Haye. En 1948, de nombreux européistes se sont rencontrés à La Haye, lors d’un congrès ouvert par Churchill. Le résultat “concret” de ce congrès, c’est la création du Conseil de l’Europe, organisation aujourd’hui assez vide, mais qui a joué un rôle capital dans les Droits de l’Homme (CEDH) et pour l’intégration des pays de l’ancien bloc communiste à l’Europe dans la première moitié des années 1990. Mais lorsque l’on regarde les trois commissions du congrès de La Haye (politique, économique et financière, culturelle), on s’aperçoit qu’un point particulièrement important ressort: la culture.

Dans mon article sur les oppositions à l’euro, ce que je constate, c’est que les économistes, qui pourtant sont censés élaborer des modèles mathématiques “objectifs”, sont d’abord issu d’un pays. Une culture commune leur manque: les économistes allemands estimaient que l’euro ne pourrait marcher car il ne reposait pas assez sur le modèle allemand et les Français pensaient que la monnaie unique serait trop allemande et pas assez française. Aucun n’était capable d’aller voir ce que les autres pensaient.

Finalement, on en revient aux fondations: l’Europe par la culture, celle de Denis de Rougemont. C’est la seule capable – j’entends ici culture dans un sens très large, et surtout avec une connotation d’ouverture sur les autres – de réaliser une réelle unité de l’Europe.

Ego Histoire (4) – L’historien, le citoyen et le numérique

Cette notion d’Europe de la culture questionne, pour l’historien que je suis, les relations du chercheur aux citoyens. Je n’ai pas été, avant 2008, quelqu’un d’intéressé par la vulgarisation. Par la force des choses, j’ai dû l’être, car en tant que chercheur au CVCE, je devais m’y intéresser. C’est finalement, je crois, quelque chose qui est en train de compléter ma formation d’historien.

Comme dans les années 1930, nous sommes à un moment important. Je ne fais pas référence à la crise, mais aux nouveaux moyens de communication, aux technologies de l’information. Elles changent tout: la “société” (sans vouloir réifier cette notion), la politique, l’économie, même la monnaie. Bien entendu aussi la culture elle-même.

Le CVCE comme le projet sur lequel je travaille aujourd’hui essayent d’utiliser le numérique dans une perspective de vulgarisation – aux États Unis, on dirait Public history, ce qui a l’avantage de ne pas porter de connotation négative.

Je vais maintenant m’arrêter sur ce que je fais aujourd’hui, et essayer de le connecter à ce que j’ai dit dans les minutes précédentes. Recruté comme ingénieur de recherche pour un LabEx (un regroupement dit d’excellence (Ex) de laboratoires (Lab) de recherche financé par l’emprunt Sarkozy) “Écrire une histoire nouvelle de l’Europe”. Ce LabEx, dirigé par Éric Bussière (qui a aussi travaillé sur l’organisation économique et financière du continent européen dans l’entre-deux-guerres), a pris pour point de départ le constat que l’historiographie de l’intégration européenne est incapable d’expliquer la crise que traverse l’Union européenne. Cette incapacité doit être résolue par la réintégration de cette historiographie dans l’historiographie plus générale de l’histoire de l’Europe. Lorsque j’ai postulé en avril dernier pour intégrer ce LabEx, je ne pouvais être qu’en accord avec ce constat, ayant interrogé depuis 2005 ma capacité, en tant qu’historien, à répondre aux attentes des citoyens vis-à-vis de l’Europe. L’originalité de ce LabEx est de partir, du coup, des problèmes d’aujourd’hui. Différents outils seront mis en œuvre pour atteindre ce but: les outils les plus traditionnels des chercheurs (livres, colloques, etc) et un outil moins traditionnel pour une université française: une encyclopédie en ligne.

Cette dernière est un aspect important de mon poste actuel. Je ne vais pas l’écrire à proprement parler, mais en élaborer le système d’édition. Conceptuellement parlant, il s’agit de s’adresser à des publics assez variés (professionnels et décideurs – de la politique, du secteur économique et autres-, enseignants, et citoyens “intéressés”), en mettant en valeurs des aspects liés aux problèmes d’aujourd’hui et peu traités ailleurs. Il n’y aura pas – c’est un exemple souvent donné par Éric Bussière – de notice sur Jean Monnet. Les notices – je ne peux encore rentrer dans le détail, dans la mesure où l’encyclopédie est un projet à ses débuts – seront élaborés par les équipes des sept axes du LabEx:

  • L’Europe comme produit de la civilisation matérielle;
  • L’Europe dans une épistémologie du politique;
  • L’humanisme européen ou la construction d’une Europe «pour soi», entre affirmation et crise identitaires;
  • L’Europe comme «hors soi»: frontières, voisinage et altérité lointaine;
  • L’Europe des guerres et des traces de guerre;
  • Genre et identités européennes;
  • Traditions nationales, circulations et identités dans l’art européen.

Elles couvriront ainsi des sujets très variés (civilisation matérielle, politique, guerre, art, altérité, identité, genre…). Il me semble que ceci rejoint mon expérience sur ce qui manque en Europe: la considération de l’autre, de son histoire, son identité. Bref, dit un peu rapidement, l’Europe par la culture, celle qui manque aujourd’hui.

Comment assurer la diffusion de cette encyclopédie, de sa logique, auprès d’un large public? Il est important, ici, qu’il s’agisse d’une encyclopédie en ligne. Les encyclopédies qui ne sont pas en ligne, aujourd’hui se meurent. Il n’y a de survie pour ce genre éditorial qu’en ligne, car le réseau, plus particulièrement le web, me semble lui être particulièrement adapté. Nous utiliserons tous les moyens que nous donne le web d’aujourd’hui pour la diffuser et, en ce sens, faire de la public history, intervenir, à une échelle peut être modeste mais bien utile, dans la relation des citoyens à l’Europe: la diffusion sur les réseaux sociaux, la participation au web dit “sémantique” (linked open data) avec la participation – si le conseil scientifique du LabEx l’approuve – de l’encyclopédie à Europeana (ce qui permet une diffusion des méta données sur Europeana, mais leur réexploitation par d’autres projets ce qui potentialise encore plus la bonne diffusion de l’encyclopédie -, l’enrichissement des notices (via Europeana ou la DPLA).

Il existe de nombreux projets dits “Digital Humanities” qui aujourd’hui s’intéressent à un grand public, comme le CVCE au Luxembourg. Toutefois la double préoccupation de recherche très approfondies associant plusieurs centres de recherche de très bon niveau, avec une volonté de vulgariser dans le sens noble du terme sur l’Europe me semble, finalement, plutôt originale.

Avant d’aborder plus dans les détails les éléments plus liés au numérique dans la manière de « raconter l’Europe », je me permets un plus grand détour sur ce que j’ai appris jusqu’ici des relations entre sciences historiques et numérique, sans vouloir être exhaustif.

Comment l’écriture de l’histoire évolue-t-elle avec le numérique ?

L’écriture de l’histoire à l’ère du papier a été très dépendante du livre. Les sciences historiques d’aujourd’hui sont structurées par la publication papier :

Pour le travail quotidien de l’historien :

  • Stockage des archives papier ;
  • Notes de l’historien prises sur le papier ;

Pour l’écriture historienne :

  • écriture d’articles, de livres.

Ceci a pour conséquence que l’historien, même s’il travaille « en réseau » depuis longtemps (ex. des débats franco-allemands sur la « nation » de la deuxième moitié du XIXe siècle ; ex du déploiement académique de l’école économique allemande au tournant des XIXe et XXe siècles), il y a un moment où sa recherche est privée : quand il est dans les centres d’archives et prend des notes, quand il rassemble ses notes, quand il en fait un chapitre, un article ou un livre.

Puis une phase publique s’ouvre, où l’historien ne sera plus seul : il doit compter avec un éditeur et toute la chaîne de l’édition, puis il doit défendre ses hypothèses, son travail devant un public de pairs (colloques), plus rarement devant un public un peu plus large, en règle générale lors de « disputes » comme l’Historikerstreit allemande des années 1980, ou les débats publics sur la collaboration et la résistance en France dans les années 1990 autour de Jean Moulin, François Mitterrand, ou les époux Aubrac. Ces grandes disputes touchent la plupart du temps des éléments douloureux de la mémoire collective.

Avec l’arrivée progressive du numérique dans le monde de la recherche, le processus de « fabrication » de l’histoire évolue grandement.

L’élargissement du champ de recherche des sciences historiques, par l’école des Annales, notamment, a montré à quel point l’information historique est abondante. Dès la fin des années 1950, les historiens se posent la question de la gestion d’une information de plus en plus abondante. Et cette question s’accroît à chaque évolution numérique majeure : le passage à la micro-informatique puis à la mise en réseau qui correspond aussi à une mise en données et une numérisation de l’information sans précédent.

L’informatique et le réseau déstructurent complètement le modèle précédent de fabrication de l’histoire, car ils rendent le livre progressivement caduque. Un livre, un chapitre, un article sont faits pour être lus de la première à la dernière page. Leur structure est maîtrisée depuis la Renaissance (livre) et le XVIIIe (article) et est relativement simple à maîtriser. Les pratiques des lectures sont aussi assez simples à comprendre : lecture intime, lecture linéaire (plus ou moins), pas de médiation entre le lecteur et l’auteur autre que le livre, pas ou peu d’accès aux sources primaires par le lecteur, même s’il y a des notes de bas de page qui, théoriquement, lui permettent d’aller vérifier les sources utilisées par l’auteur.

Écrire l’histoire à l’ère numérique est nettement plus complexe.

  • Médiation entre l’auteur et le lecteur : c’est l’un des points les plus compliqués. Il peut ne plus y en avoir du tout (accès direct aux sources primaires numérisées ou nées numériques), il peut y en avoir de nouvelles (usages d’outils d’analyse de texte, par exemple) ;
  • Modes de lecture : ils sont infinis, car l’écrit sur le réseau est pluridimensionnel grâce à l’hyperlien conceptualisé par Ted Nelson dans les années 1960 et mis en pratique par le web. La lecture n’est plus que rarement linéaire et est le plus souvent séquentielle ;
  • Aux modes de lectures, il faut associer la notion d’annotation. Aussi vieille que le Moyen Âge, l’annotation devient une pratique facile et courante avec le web ;
  • Enfin, il y a le commentaire : techniquement, tout ce qui est sur le web peut être commenté, et, ceci, par n’importe qui. La discussion, le débat autour des hypothèses fondant une publication n’est est que plus animée, mais aussi que plus cacophoniques parfois.

Bref, le lecteur numérique est autant acteur de la fabrique de l’histoire que l’historien lui-même.

En conséquence, l’écriture de l’histoire doit se faire aujourd’hui avec en tête les usages des lecteurs, ce qui n’était pas le cas avec l’écriture d’un livre : non pas que l’on ne s’occupe pas du lecteur, mais le livre ne permet pas d’usages aussi variés.

Second point qui bouleverse la fabrique de l’histoire, c’est l’ouverture de l’atelier de l’historien.ne. Les blogs, par exemple sur hypotheses.org (enklask.hypotheses.org / majerus.hypotheses.org), permettent à l’historien d’informer sur les pratiques qui autrefois se faisaient à l’étape privée de la recherche. Cela signifie que le débat sur les hypothèses (et ce n’est pas pour rien que cette plateforme s’appelle hypotheses.org) peut commencer dès le début d’un processus de recherche. Et ce débat peut se faire avec d’autres historiens, mais aussi avec un public plus large, y compris, pour l’histoire contemporaine, avec des acteurs des faits historiques.

Enfin, troisième point qui change les sciences historiques, c’est leur mise en données : mise en données des sources, mises en données des résultats de la recherche, des débats… Les sources primaires et secondaires peuvent être lues via des instruments d’analyse de texte, fouille de données, visualisation des données, etc. Cela permet, justement, de gérer une abondance d’informations sans précédent. Cela permet également, de (potentiellement) connecter tout ce que font et qu’utilisent les historiens. Cela signifie aussi, grand débat en cours, que les sources utilisées par les chercheurs et mises en données doivent être pensées comme des bases de données que tout le monde peut réutiliser.

Quelles sont les conséquences pour la manière de raconter l’Europe ? Je reviens ici à ma propre expérience.

Dans le cas de l’encyclopédie que le LabEx EHNE est en train de construire, cela signifie que nous tenterons, à côté de l’écriture, sur un mode plutôt classique, des notices, de jouer avec l’hyperlien, au bénéfice des lecteurs. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Avec ce que l’on appelle le Linked Open Data (la capacité technique de lier des données publiées sur le web entre elles), nous pourront enrichir les notices, en faisant appel au contenu d’Europeana, de la Digital Public Library of America. Cet enrichissement, nous allons tenter même de l’automatiser, bien qu’il faille certainement faire des tests. Si les notices n’auront pas nécessairement d’hyperliens classiques en leur sein (mais ce sera possible), elles seront enrichies par l’ajout automatique de sources primaires, incitant le lecteur à aller plus loin s’il le désire. Cet enrichissement rentre dans le cadre de l’hypertexte décrit par Nelson.

Qu’est-ce que cela signifie pour l’auteur de la notice ? Qu’il doit lâcher prise, un peu. Qu’il doit renoncer à maîtriser le processus de lecture de son public. C’est difficile, mais c’est la règle du web et du réseau. Le réseau favorise le consensus et non l’autorité (cf. les pages de débat de Wikipédia). Il sera nécessaire pour l’historien de se priver un peu de son autorité s’il souhaite participer à l’élaboration de ce consensus. Le risque, s’il ne le fait pas, est de se couper d’un public plus large et d’agrandir encore l’immense fossé qui peut exister entre le grand public et le monde académique sur l’histoire et ses usages publics (cf. Métronome de Lorant Deutsch / Le film La Chute, etc).

Cet enrichissement sera à double sens. Nous essaierons de faire en sorte que les métadonnées de l’encyclopédie (les données sur les données, celles qui décrivent les notices) soit « moissonnées » par Europeana ou le moteur de recherche en sciences humaines et sociales Isidore. Que les lecteurs puissent, d’un clic, insérer nos notices dans leurs gestionnaires bibliographiques (Zotero, Mendeley, etc). En conséquence, ces métadonnées seront disponibles pour d’autres travaux. Elles pourront enrichir ces autres travaux et de fait les relier à l’encyclopédie, pour la densifier.

Cet enrichissement n’est pas que sur un mode texte : images, vidéos, cartes géographiques sont possibles.

Là-aussi, l’historien doit un peu desserrer son emprise sur son œuvre et, plus qu’à l’ère du livre où c’était déjà possible, accepter que ses écrits puissent être réutilisés à des fins qu’il ne souhaite pas nécessairement. Mais, c’est, là-aussi, la seule manière de se fondre dans le moule du web et du débat qu’il favorise autour de tous les sujets.

Dans le flux d’informations qui peuvent circuler, l’encyclopédie est aussi un moyen de guider le lecteur, de lui proposer de trier l’information, trop abondante. De le rediriger vers les sources et écrits les plus pertinents lorsqu’il veut se documenter sur une question européenne précise.

Dans le cas du CVCE, ce qui était ena.lu et est maintenant disponible sur cvce.eu, il s’agissait de faire un tri des sources primaires, la plupart du temps, à destination d’un grand public. Le problème ici est la contradiction entre ce que souhaite le grand public, les étudiants/enseignants, et les chercheurs. Ces derniers n’ont pas besoin que l’on sélectionne les sources pour eux. Ils ont besoin de beaucoup plus de sources primaires.

D’où l’émergence de différentes « publications » : des corpus de recherche, ensembles documentaires répondant théoriquement aux besoins des chercheurs sur un sujet précis, et des dossiers thématiques, avec des documents exemplaires d’une question donnés à titre d’exemple et un texte synthétisant les connaissances sur cette question.

Le problème est la viabilité d’un tel modèle d’écriture de l’histoire de l’Europe. Non pas que ces modes de publication soient mauvais. En fait le diable est dans les détails. Les chercheurs en histoire voudront non seulement de nombreuses sources primaires, mais également pouvoir eux-mêmes les trier et qu’ils soient compatibles avec leur mode de travail : la fouille de données, l’annotation, l’utilisation facile de leur écrits. Les corpus publiés par le CVCE ne le permettent pas encore suffisamment (albums). D’autres systèmes le permettent, comme l’Old Bailey on-line.

*

Pour conclure, il reste aujourd’hui encore de nombreuses incertitudes sur la manière de raconter l’Europe – et de manière plus générale de faire de l’histoire. Nombreuses sont les pistes explorées, rares sont celles qui seront vouées au succès.

Pour ma part, et pour revenir à la manière dont un chercheur (qu’il travaille sur l’Europe ou non) doit traiter de son sujet, je dois continuer à trouver un compromis entre ce que je publie sur un mode traditionnel et qui est institutionnellement requis et ce que je publie strictement dans la sphère numérique, la plupart du temps sur mon site web.

Sur ce dernier, j’essaye de publier les données que j’ai utilisées pour écrire un billet, je vais essayer, de plus en plus, d’enrichir mes billets sur le même mode que celui que j’ai décrit pour l’encyclopédie.

En résumé, raconter l’Europe aujourd’hui, implique :

  • de permettre aux lecteurs d’être actif, donc de moins maîtriser l’ensemble du processus de fabrication de l’histoire ;
  • de profiter des possibilités du web pour enrichir ses écrits ;
  • de tenir compte de la notion d’hyperlien, de ne pas oublier que la lecture est aujourd’hui essentiellement séquentielle et non plus majoritairement linéaire.

Les avantages de ces modes d’écriture sont de multiplier les contacts avec les lecteurs. Si l’on accepte le parfois très rude exercice de s’exposer au public, notre narration de l’histoire n’en sera que plus proche du grand public, sans compromis sur ses fondations scientifiques. Le risque est, par contre, la cacophonie et l’usage d’un contenu à des fins obscures.

Mais la cacophonie, que l’on soit dans le réel ou sur le réseau, aujourd’hui, pour l’Europe est la règle. Et le numérique, bien compris, bien utilisé peut aussi être un remède à cette cacophonie. D’une certaine manière, c’est ce qu’essaiera de faire l’encyclopédie EHNE : utiliser le numérique pour combler (à son niveau) le fossé entre les historiens, les acteurs de la construction européenne et des citoyens souvent perdus.

  1.         et d’ailleurs contestée: voir l’article de Pierre Nora dans Le Débat consacré au Difficile enseignement de l’histoire. []

Every day another (hi)story

A battle in 140 signs. A whole peace negotiation put into two lines. History written in tweets. The interest in dates and facts of contemporary history is growing, going beyond academic circles. The Master students of European Contemporary History at the University of Luxembourg made it their business to go beyond – via social media. To present some curious historical facts. The cause: In only a few months, the beginning of World War I is exactly 100 years ago.

Inspired by Allwin Collinson’s project @RealtimeWWII, the students will offer a collection of World War I stories and facts on Twitter. The aim is to make history easy to assimilate with little means. What makes the “real time” projects especially fascinating is that events are posted on the exactly same date and, if possible, even time, if reproducible in source material.

This source material is of crucial importance: A lot of stories on World War I can be found in the extents of the world wide web. One of the students’ most important aims is to offer reliable source documents for every date they tweet. These sources are not necessarily governmental documents – though these are appearing as well. But besides official events, stories shall be told about the individual people being affected by the war, about soldiers and nurses, queens and prisoners. So their diaries, letters, poems, photographs are taken to tell another, less known side of the history of World War I.

Of course, it is impossible to cover the whole World War with this method. But the Master students try to enlighten several aspects of a historical context influencing the every day life in many personal stories. The different national backgrounds of the students made the consultation of a wide range of source documents possible, in many different languages – English, French, German, Luxembourgish, Spanish, Portuguese, Serbo-Croatian, Romanian, Greek, Italian.

To catch some interest for the project, @RealtimeWorldWar1 already started to tweet: 100 years ago, the Balkan region was shaped by several conflicts. So right now, some dates and facts about the Balkan Wars are released via the Twitter account. Students will work on the project until 2017/18 – they feed a database, add and edit tweets. With every tweet, a link to a source document is offered. Furthermore links lead to the Master’s own homepage where more information on certain personalities and events can be found. Thus, the students invite their visitors and followers to focus on the everyday’s life during World War I. The tweets are the tidbits that shall awaken an appetite to learn more about the historical context.

Such tidbits are, however, only little fragments of the whole. The limitative Twitter format does not allow widespread examination of a subject. On the one hand, the risk of decontextualisation and misinterpretation is significant. On the other hand, it prompts the students to find out what is the quintessence of a historical event. Thus, they can learn how to really focus on certain circumstances – and how to attract a reader’s interest in it while exploring the possibilities of a new tool.

Besides a row of other valuable projects on the World War I centenary, as the University of Oxord project “Europeana 1914-1918”, @RealtimeWorldWar1 tries to bring events of high historical importance back on the level which they had 100 years ago: the everyday’s life of the European people. Thus, a perspective is offered that brings the reader face-to-face with contemporary witness of the war period. World War I is one of the oldest periods we can reconstruct with the support and background of modern media as photographs and films. There are even some, though fewer and fewer, time witnesses left. This range of sources offers the opportunity to have an insight into more than a history of winners and losers. It opens the way to an understanding of the meaning of war for the most different people. The “World War I goes Twitter” project of the Luxembourgish Master students lets this meaning breath through short sentences. Thus, the events may gain importance for a wide range of today’s readers.

Homepage review – Themenportail Europäische Geschichte

 

Logo TP Europische Geschichte

Le site faisant l’objet de ce commentaire est présenté, actualisé, par des chercheurs en Histoire de l’Université Humbolt de Berlin. Il s’agit donc d’un site scientifique destiné en premier lieu à des universitaires dans le domaine de la recherche ou de l’enseignement.

La rédaction du site est assurée par l’Institut des Sciences historiques, qui fait partie de la faculté de philosophie I. Les responsables de la rédaction se nomment Anne Lammers et Thomas Meyer, accompagnés de plusieurs professeurs chargés de l’édition, tandis que le directeur du projet est le Dr. Rüdiger Hohls.

Les centres d’intérêt du site tournent autour de l’histoire de l’Europe et des Européens du XVIIIe siècle à nos jours. Il rassemble des textes, des articles, des photographies ou encore des cartes concernant cette période bien définie utiles aux étudiants et professeurs. Parmi les thèmes abordés peuvent être cités: Gesellschaft und Kultur, Wirtschaft und Umwelt, Diktatur und Demokratie, Krieg und Frieden ou encore Europa in der Welt. Ce catalogue de sujets est intéressant dans la mesure où ils sont concrets et se rapportent aux préoccupations quotidiennes des citoyens européens.

En ce qui concerne l’architecture du site, il est bilingue, Anglais et Allemand, présenté en trois colonnes réparties en une grande, centrale, et deux petites, périphériques. Les principales couleurs sont le bleu et le noir sur fond blanc ou bleu. Le contraste des couleurs est assuré, ce qui rend le site lisible. Mais il est un peu dommage que les concepteurs du site n’ait pas mis plus d’accent sur d’autres couleurs comme le vert, le jaune, le rouge, entre autres. La couleur jaune apparaît de manière marginale juste dans l’entête pour désigner les pays membres de l’UE.

La police des caractères varie aussi, plus élevée pour les titres, par opposition aux caractères normaux. Il y a relativement de l’harmonie dans la présentation du site qui reste sobre et clair, malgré le nombre insuffisant de couleurs utilisées. Cette cohérence ressort par exemple dans l’ajustement de l’entête par rapport au reste du texte. Celle-ci propose deux visions de l’Europe : une vision interne à gauche avec l’effigie de l’UE. Le volet externe situe l’Europe par rapport au reste du monde, à droite, avec en arrière fond des écritures manuscrites en blanc, sur fond bleu, ce qui signale à tout visiteur qu’il s’agit d’un site historique qui effectue un travail sur les sources.

D’ailleurs, concernant les sources, elles sont multiples : essais, cartes, articles, livres, réparties globalement de manière acceptable. Des liens viennent compléter ce travail de sources. Ils orientent vers des sites de l’UE, comme Die EU im Überblick, Deutscher Bildungsserver-EU, The European Library, Europäische Union, entre autres. Il existe même une extension vers Wikipédia. Pourtant des outils importants comme Facebook ou Twitter font défaut.

En somme, ce site disciplinaire d’Histoire européenne est un bon outil de critique historique. Son architecture sobre mais efficace sont des éléments importants, sa lisibilité aussi est remarquable. Pourtant, il serait encore plus profitable avec une diversité de couleurs, des extensions Facebook, Twitter ou encore l’apport de documents audios ou vidéos.

Pour arriver sur le site, cliquez ici.

 

Homepage Review – European History Online / Europäische Geschichte Online

Die Internetseite Europäische Geschichte Online (Abk. EGO) ist eine Internetseite, die sich mit der transkulturellen Geschichte Europas befasst. Dieses Projekt betrachtet die europäische Geschichte als eine Geschichte interkulturellen Austauschs.

Erst vor kurzem ist der 200. Beitrag auf der Seite erschienen. Der Herausgeber der Seite ist das Mainzer Leibniz-Institut für Europäische Geschichte.

Zeitlich begrenzt ist der Rahmen des Ego Projektes zwischen der europäischen Neuzeit vom Ausgang des Mittelalters bis in die Zeitgeschichte hinein.

Die EGO Beiträge sind sowohl auf deutsch, wie auch in englischer Sprache wiederzufinden. Die von EGO behandelten Themen reichen von Religion, Politik,Recht, Musik, Kunst, Literatur bis hin zu Wirtschaft, Technik und Militär, Wissenschaften und Medizin.

Der von EGO behandelte Raum “Europa” sollte nicht als politische oder geographische Definition falsch verstanden werden. Da sich der Begriff “Europa” im Laufe der Zeit immer wieder veränderte, wird zu jeder analysierten Zeit der zeitgenössische Europabegriff benutzt. 

Die Ego Seite an sich ist klar nach folgenden Themensträngen gegliedert:

-Zeit

-Themen

-Raum

-Thread

Fast alle Beiträge werden durch Bilder passend unterstützt.

Die Beiträge von EGO dürfen mithilfe der Zitierrichtlinien benutzt werden.

New Issue – European Review of History

A new Issue of European Review of History: Revue europeenne d’histoire Volume 19 Issue 1, 2012 has been published and contains the following articles.

A Colonial Sea: the Mediterranean, 1798–1956

Manuel Borutta & Sakis Gekas

 

The Mediterranean has been a colonial sea since ancient times. While historians of the pre- and early modern world still tend to describe this region with the Braudelian paradigms of unity and continuity, the historiography of the modern Mediterranean suffers from the widespread fragmentation of national and regional studies, including important contributions on the colonial history of North Africa and the Middle East. In this context, the editors invited scholars to re-think the Mediterranean of the nineteenth and the first half of the twentieth century as a colonial and, most importantly, a colonised sea. Therefore the special issue brings together historians and geographers from North Africa, Europe and North America in order to reconstruct colonial interactions, relationships, entanglements and shared experiences between Europe, the Maghreb and the Middle East from late eighteenth century, when the European colonisation of the Mediterranean began, until the erosion of the imperial order in the 1950s.

 

 

The general belief of the world’: Barbary as genre and discourse in Mediterranean history

Lotfi Ben Rejeb

 

Europe re-invented North Africa as Barbary – at once a toponym and a trope – when this region became an extension of Ottoman imperial power following the Spanish Reconquista. Barbary emerged in modern Mediterranean history as a key genre and discourse which, in the record of Western perceptions of the Islamic world, constituted a link between the crusading mentality of the Middle Ages and the Orientalism and imperialism of the modern era. Barbary informed a Eurocentric view of relations between Europe and North Africa from the late fifteenth century until the nineteenth, consistently equating the Ottoman borderlands (the Regencies of Algiers, Tunis and Tripoli) and the Kingdom of Morocco, with barbarism, denying the history and indeed the very idea of Islamic civilisation, and furnishing the essential ideological argument for the colonisation of that region. Using Barbary as a contrasting foil to their emergent national identities, Europeans fixed the region as an unparalleled seat of piracy and slavery, and the unrelenting source of hostility towards Christendom and civilisation. The Barbary discourse conveyed a mental map of the Mediterranean sharply divided between civilisation and barbarism, between Good and Evil. Powerful in its sheer reductionism, it prevailed and persisted despite the more nuanced and complex realities of Mediterranean life and politics. Although concern with piracy and slavery became minor by the end of the seventeenth century, the discourse steadily intensified as a locus of imperial advocacy and rationalisation. When the central part of North Africa was carved out in 1830 to become an extension of France overseas, Barbary as a homogenising toponym no longer had a raison d’être, but the discourse lingered on as a trope in the new colonial context.

 

The Mediterranean, a territory between France and Colonial Algeria: imperial constructions

Hélène Blais & Florence Deprest

 

The geographical concept of the Mediterranean, born during the nineteenth century, has often been the object of scholarly attention. Many works have highlighted the progressive adjustments in the learned representations of this maritime space. From the Classical concept of a dividing border, which prevailed until the end of the eighteenth century, arose the idea of a junction sea, in the late nineteenth century. Though these studies all set the rise of the concept of a Mediterranean territory within the imperial context of the nineteenth century, such as the scientific and military explorations of Morea and Algeria, they do not explore the hypothesis that the Mediterranean was invented because it had become a colonial sea. Was the emergence of the Western Mediterranean, as an area of practices and representations, directly linked to the context of Algerian colonisation, to the chronology of its appropriation and to the evolution of French settlement on the banks of the Maghreb? This paper explores how, within the Franco-Algerian colonial situation, the Mediterranean was initially fashioned as a bridge between Europe and Africa, as a suture between the Orient and the Occident. The Mediterranean became a structuring feature of the French Empire.

 

Etre algérien en situation impériale, fin XIXème siècle – début XXème siècle: L’usage de la catégorie «nationalité algérienne» par les consulats français dans leur relation avec les Algériens fixes au Maroc et dans l’Empire Ottoman

Noureddine Amara

Among the many problems posed by colonial citizenship laws regulating Algerians was the special case of people born within the confines of Algeria and their descendants who had emigrated outside of the country. Algerians in Algeria already inhabited an imprecise place of incomplete French citizenship. And those living abroad, the ‘Originaires d’Algérie’, had to contend with the decisions of French consular authorities, who laboured to interpret and implement the rules established by the Foreign Office and the Ministry of Justice to define the legal status of Algerians living abroad. The French state claimed this category of people as « French » according to the legal theory of State succession. Then, the Indigenat served as an Algerian nationality. This paper argues that this Algerian nationality was an imperial nationality for internal use.

 

Colonial migrants and the making of a British Mediterranean

Sakis Gekas

 

This article examines the concept and colonial reality of the British Mediterranean through the imperial network of trade and migration from and to areas under British political and/or economic control. The hybrid identities of many citizens in the colonial Mediterranean can best be seen in the perception and reality of the ports of the Eastern Mediterranean as cosmopolitan. The article also argues that the role and experience of these migrants as intermediate groups was determined by the form of rule British colonial authorities imposed in each dominion.

 

Making a living in pre-colonial Tunisia: the sea, contraband and other illicit activities, c. 1830–81

Julia Clancy-Smith

 

Employing pre-colonial Tunisia as a site, this article investigates ways of ‘making a living’ in an age of migrations. It studies occupations linked to the sea, such as fishing or coastal trading, that integrated North Africa and the nearby islands into trans-Mediterranean and larger exchange systems. It argues that subsistence migration increased the volume of extra-legal transactions whose nodal points were the Tunis region, the Cap Bon, Bizerte, Algeria and nearby islands. Estimates of the trade’s volume or value, impossible to determine given the sources, are less important than charting dense flows of labour, goods, services and capital under-girding the political economy of contraband in relationship to labour migration. That the actors involved hailed from different religions, ethnic groups and classes renders this a perfect vantage point for probing inter-communal and intra-confessional relationships as well as the declining political fortunes of the Tunisian state.

 

Entangled communities: interethnic relationships among urban salesclerks and domestic workers in Egypt, 1927–61

Nancy Y. Reynolds

 

This paper examines the relationships among salesclerks and other lower-level commercial and domestic employees in inter-war and post-Second World War urban Egypt, especially Cairo. It argues that the Italians, Greeks, local Jews, Armenians, Syrian Christians, Maltese, Coptic Christians and Muslims who often worked side by side on the floors of department stores and private homes participated in multiethnic occupational subgroups, formal unions and leisure cultures that created a series of networks linking lower-middle-class people in workplaces, public and neighbourhood space as well as commerce. These networks spanned ethnic, religious and linguistic boundaries, and they reveal a complex shared Mediterranean culture, underpinned by a juridical system shaped by European colonialism. Although historians have documented the vertical relations within ethnic groups and the horizontal relationships among the business elite of different communities, horizontal relationships among the lower and lower-middle classes of locally resident foreigners or Egyptians, who made up the bulk of the different communities, evidence both deep entanglement and regular conflict. The history of lived Mediterranean or cosmopolitan experiences thus challenges contemporary uses of both terms.

 

Connecting colonial seas: the ‘international colonisation’ of Port Said and the Suez Canal during and after the First World War

Valeska Huber

 

The Suez Canal played an essential role in transforming the Mediterranean into a colonial sea by changing its geopolitical features from a lake to a lane connecting faraway possessions of European empires more closely (at least geographically speaking) to the metropoles. At the same time the Suez Canal region itself was colonised in a very specific way, under British occupation on the one hand, yet carrying features of a ‘global locality’ on the other. Besides shedding light on the larger connections of the Suez Canal with the colonial world, this article attempts to understand the colonial situation of Port Said and the Canal, a place built from scratch in an effort to colonise (in the primary sense of the word) a part of the desert. Tracing Port Said and the Suez Canal Zone through different time periods – particularly during the First World War and the inter-war era – this paper tries to pin down the shifting meanings of ‘international’ and ‘colonial’ by highlighting the specificities of this ‘international colonisation’, regulated by agreements and treaties and marked by the influence of competing colonial powers

 

Italians in Tunisia: between regional organisation, cultural adaptation and political division, 1860s–1940

Leila El Houssi

 

This article analyses the case of the Italian community in Tunisia during the nineteenth and twentieth centuries. The Italian presence in Tunisia dates back to the age of the so-called Repubbliche marinare (Maritime Republics), when Italy was still not a unitary entity, but rather a collection of states that had their own relationships with the Ottoman Empire. The Italian community in Tunisia is an example of a diaspora resulting from migrations in the Mediterranean region. The case study of the Italians in Tunisia is a sort of ‘diaspora from inside’. Indeed it is reductive to see Italians in Tunisia just as nationals, because they had different regional, religious, class and cultural backgrounds to native Tunisians. Local identities characterised their community. This perspective is also apparent in the multitude of mutual-aid associations and ethnic organisations. A heterogeneous group, including political refugees, emerged. Nonetheless, during the twentieth century the ‘defence of italianità’ reinforced the cohesion of the community itself. This paper places this group into the framework of Mediterranean Studies. It aims to understand the interaction between the Italian community in Tunisia and the native population. It follows philosopher Albert Memmi’s perspective on the unrelated relationship between the coloniser and the colonised. This relationship represented an interesting example of unusual tolerance thanks to a steady relationship between Italians and the Tunisian population, characterised by openness and profitable coexistence, even in the sphere of religion, which was not the case in other areas of Mediterranean sea.

New Issue- History and Memory- Spring/Summer2012

The new issue of “History and Memory” of Spring/Summer 2012 is now available and includes the following articles:

The Paradox of Regret: Remembering and Forgetting the History of Slavery in George W. Bush’s Gorée Island Address by Bradford Vivian

Ceremonial statements of regret from state actors may appear to lack discernible gains compared to historic procedures of reconciliation or political reunification; yet the ceremonial language of these statements influences public perceptions of historical justice, moral wisdom and democratic virtue. This essay analyzes President George W. Bush’s historic address on the transatlantic slave trade as an excellent case study in the rhetoric of regret (distinct from that of official apology and the like). Such occasions warrant scrutiny because a critical paradox–the inherent divide between dutiful remembrance of past wrongs and practical political duties that would set them aright–shapes state officials’ increasingly prevalent use of ceremonial lamentations in pursuit of geopolitical legitimacy.

 

Reinscribing Schlesien as Slask: Memory and Mythology in a Postwar German-Polish Borderland by Andrew Demshuk

The waves of ethnic cleansing in the 1930s and 1940s uprooted millions of East-Central Europeans and forced them to make sense of new surroundings. The Polish settlers who replaced over three million Germans in the borderland of Silesia created a layered palimpsest of new, generally nationalized meanings on an unfamiliar territory. After exploring how and why Polish leaders and settlers reinscribed formerly German and Jewish sites of memory with Polish meanings, this article investigates how, when former residents returned to visit their lost homeland, both populations confronted the palimpsest’s conflicting layers and unwittingly engaged in a transnational exchange of meanings.

 

Occupation Heritage, Commemoration and Memory in Guernsey and Jersey by Gilly Carr

In the British Channel Islands today, the German Occupation of World War II and its heritage have an important place in the history, identity and psyche of islanders. This is reflected in the number of restored bunkers and Occupation museums, the popularity of Liberation Day, and the growing number of Occupation memorials in the islands. This article examines the history of the treatment of Occupation heritage in the Channel Islands over the last 65 years, focusing on sites of memory and counter-memory, victims of Nazi persecution, and the changing commemorative master narratives.

 

Fused Together and Torn Apart: Stories and Violence in Contemporary Algeria by Malika Rahal

This article explores the constraints of contemporary history writing about Algeria. It analyzes the historiographical blocks and blind spots to show the centrality of the question of unity/plurality within Algerianness. Borrowing from anthropologist Franççoise Hééritier, it uses the notion of entre-soi to elaborate a new chronological framework, a continual sequence of war between 1945 and 2002. It also examines the impact of the rapid succession of these episodes of political violence on individual memories, and how moments of paroxysmal violence are reactivated during interviews, and considers the emotional cost for historians when they become the last recipient of narratives of forms of violence intended to terrorize.

 

France and the Memories of “Others”: The Case of the Harkis by Géraldine Enjelvin and Nada Korac-Kakabadse

Historical narratives help construct social identities, which are maintained through differentiation between in-groups and ”others.” In this article, we contend that Fatima Besnaci-Lancou’s texts, as well as her reconciliation work–in which she enjoins Beurs and Harkis’ offspring to write a new, inclusive, polyphonic narrative of the Algerian War–are an example of the positive use of textually mediated identity (re)construction. Her work suggests the possibility of implementing a moderate politics of empathetic recognition of the (often migration-related) memories of ”others” so as to reinforce French national belongingness.

 

 


New Issue – European History Quarterly- January 2012

The new issue of “European History Quarterly” of January 2012 is now available online and includes the following articles:

Rhetoric and the Writing of History in Early Modern Europe: Melo’s Guerra de Cataluña and Mascardi’s Ars historica

 

“In 1645 the Portuguese historian Francisco Manuel de Melo published the Historia de los movimientos, separación y guerra de Cataluña, an account of the so-called ‘Rebellion of Catalonia’ against the Spanish monarch Philip IV. Although the accuracy of the book has been the subject of controversy, very little has been said about its discursive strategies, in spite of its having been considered ‘an exceptional work’ (Menéndez y Pelayo 1893) and ‘full of perfections’ (Rosell 1852) in terms of its elocutio. The aim of this paper is to analyze the historiographical strategies that govern the construction of the Historia, in an attempt to place the early modern writing of history within a tradition that goes back to the ancient rhetoricians. In the particular case of Melo, the most immediate reference is that of the Dell’arte istorica (1639), a treatise by the Italian Jesuit Agostino Mascardi, specifically mentioned and praised by Melo.”

 

The Early Reception of Operetta in Russia, 1860s–1870s

 

“This article explores the popular and critical reception of operetta in Russia during its European heyday, which broadly coincided with the transformative reign of Tsar Alexander II (1855–1881). It argues that the genre consistently drew audiences from most social strata and should not be considered, as some historians have suggested, a uniquely ‘bourgeois’ form of entertainment closely associated with the rise of the middle classes. It also argues that operetta crystallized a range of wider concerns about Russian culture and politics during the era of the Great Reforms. Many critics attacked operetta’s frivolity and eroticism (held to be inconsistent with the aims of art), while radicals and conservatives regarded it as symptomatic of a new climate of political uncertainty (the former with hope, the latter with trepidation). The critical responses to operetta thus testified to its popularity and to the rapidity of change in Russia during the 1860s and 1870s.”

 

The French Veterans and the Republic: The Union nationale des combattants and the Union fédérale, 1934–1938

 

“Since Antoine Prost’s Les anciens combattants et la société française, 1914 1939 (1977), subsequent histories of the period have largely accepted the benign role of French Great War veterans during the interwar period. In focusing on the period between the riots of 6 February 1934 and the Daladier government in 1938, this article re-examines the history of the veterans from the perspective of their movement for state reform. The two largest associations, the Union nationale des combattants (UNC) and the Union fédérale (UF) undertook a campaign for an authoritarian reform of the Republic. Though united in their belief in reform, the associations’ motives differed starkly. Furthermore, activists and moderates fought for the meaning of their groups’ policies and for the meaning of their very associations. Circumstances dictated the strength of each faction. With a focus on the UNC and the UF, this article argues that neither their alleged Republicanism, nor their shift to authoritarianism were governed by an inherent nature. The article demonstrates that the political culture of the late Third Republic was complex and dynamic, with the politics of groups subject to internal and external influences and fluctuations.”

 

Nationalism, Myth and Reinterpretation of History: The Neglected Case of Interwar Yugoslavia

 

“This article discusses and challenges some popular myths and perceptions about interwar Yugoslavia in post-socialist (and post-Yugoslav) Serbia. These include discourses that blame ‘others’ – ‘treacherous’ Croats and other non-Serbs, the ‘perfidious’ west, especially Britain – and that are also self-critical, of Serbs’ ‘naivety’ as exemplified in their choosing to create Yugoslavia at the end of the First World War, and of, later, embracing communism. The article also offers a reassessment of the interwar period, often neglected by scholars of former Yugoslavia.”

New Issue – Zeithistorische Forschungen (Studies in Contemporary History)

The New Issue of “Zeithistorische Forschungen” of January 2012 is now available online and includes the following articles:

Frank Bösch                                                 Umbrüche in die Gegenwart
Globale Ereignisse und Krisenreaktionen um 1979

When interpreting the 1970s today, special emphasis is placed on the socioeconomic and sociocultural changes which accompanied the oil crisis of 1973. By contrast, this article focuses on the reforms and reactions to the crises at the end of the 1970s. In 1979, in particular, a number of events with global repercussions prompted paradigm shifts. This article addresses historical events relating to energy, economics, and political and cultural transformation, and pays special attention to the significance now commonly ascribed to religion and history. All these occurrences and long-term trends can also be understood as manifestations of and practices of globalisation. Distant events such as the nuclear accident near Harrisburg, the change of power in Nicaragua, or the revolution in Iran, led (even in the Federal Republic of Germany) to new perceptions and patterns of behaviour. A transnational approach to events occurring before and after 1979 makes it possible to interpret anew key issues of contemporary history – issues which can only partially be answered with reference to the upheavals of 1989/90.

Imanuel Baumann/Andrej Stephan/Patrick Wagner                                       (Um-)Wege in den Rechtsstaat, Das Bundeskriminalamt und die NS-Vergangenheit seiner Gründungsgeneration

The Bundeskriminalamt (Federal Criminal Police Office, abbreviated in German as BKA) was founded in 1951 and initially recruited its officers from the ranks of the National Socialist police force. A research project funded by the BKA in 2008 (the essential findings of which are presented in this essay) focused on three key questions. First, to what extent were the former Nazi staff able to influence the BKA ’s concepts and practice? Second, in what way did the experiences of policemen prior to 1945 shape the BKA? Third, how did people within the BKA talk about those members of the founding generation who had worked there during the National Socialist period? This essay shows that the former Nazi policemen employed by the BKA during the 1950s were keen to see if they could continue working according to concepts which had been adhered to before 1945. While these officers were increasingly urged to adapt to new circumstances during the 1960s, the reorganisation of the Criminal Police Office during the 1970s brought their influence to an end. Finally, the former National Socialist police members employed by the BKA after 1945 did not represent a realistic threat to the constitutional state. Nevertheless, their post-war careers continue to be a source of scandal, particularly for former victims of the National Socialist police. In this context, the authors’ analysis of different cultures of organisation and their transformation is relevant to studies in contemporary history as a whole.

Peter Hoeres                                                                                                                   Reise nach Amerika
Axel Springer und die Transformation des deutschen Konservatismus in den 1960er- und 1970er-Jahren

It is broadly assumed that the Axel Springer Press is pro-American. This fact has even been stipulated in the company’s guidelines since 2001. However, this article questions this assumption by drawing on media sources and unpublished German and American materials. It highlights Springer’s scepticism towards the USA, which has rarely been addressed in historical research. During the 1950s and 1960s, Springer expressed harsh criticism of America. The American administration therefore identified him as an opponent of their policies. Springer’s pro-American stance emerged later, during the struggle against the protest movement of the late 1960s and the conciliatory policies towards East Germany and Poland (Neue Ostpolitik). From this moment, anti-Americanism was sharply criticised in favour of what Springer called, in 1973, the ‘continuation of our course of action’. This development is characteristic of the history of German conservatism, whose pro-American stance from this moment onwards constituted a historic turnaround.

Stefanie Middendorf                                                                      Modernitätsoffensiven, Identitätsbehauptungen:
„Bandes dessinées“ und die Nationalisierung der Massenkultur in Frankreich

After having originally been perceived as a threatening exponent of mass culture, comics (bandes dessinées) have now become a legitimate element of French national culture. The nationalisation of comics was achieved via the close surveillance of the youth press market, counter-cultural interpretations of the new medium by Catholics and Communists alike, the discovery of comics by the social sciences and, since the 1980s, by state funding. By scrutinising this complex process of national integration, this article suggests that it was precisely the comics’ ambivalence, on the borderline between commercial product and cultural commodity, which enabled them to be appropriated in France. This national adaptation of comics on the basis of an assault on ‘America’ and on the idea of ‘European culture’ is characteristic of national identity construction in Europe throughout the twentieth century.

New Issue – Histoire@politique

 

The 15th issue of the journal “Histoire et politique” from the History Science Po Center is now available and includes the following articles:

Faire école : les alumni universitaires indiens de la London School of Economics par Marie Scot

This paper retraces the careers of the Indian Alumni who were trained at the London School of Economics in the first half of the twentieth century and who became professional economists. How many were they? What did they study in London? What positions did they hold in the academic or political fields once back in India? Did these mobile go-betweens play a crucial role in making cross-cultural interactions possible? The statistical treatment of the alumni directories and the content analysis of their early works provide some insights into the question of knowledge dissemination.

La circulation transnationale du livre : un instrument de la guerre froide culturelle par Ioana Popa

This article proposes a viewpoint about the Cold War based on East-West cultural transfers and, more specifically, on transnational book circulation. The analysis deals with the book flows from Western to Eastern European countries initiated after the “thaw”. Focused on the actors of this transfer, as well as on their practices and editorial projects, it points out the anti-communist struggle strategies based on transnational circulation of printing and on translation. This approach adds new perspectives about the Cold War going beyond a simple opposition between two political “blocs” that were hermetically sealed and a monolithic system view on Eastern Europe.

L’Unesco : une plate-forme pour les circulations transnationales de savoirs et d’idées (1945-1980) by Chloé Maurel

From 1945 to 1980, Unesco played an important role in the international and transnational cultural relationships. Unesco’s action for the production, the diffusion and the circulation of ideas and knowledge was intense and manyfold. This action was made by many means: creation of institutions, organization of conferences, publication of books, realization of operational field projects. Nevertheless, the realizations did not always correspond to the ambitions: they were often occidentalocentric. As the example of NWICO (new world information and communication order) shows, these circulations of ideas and knowledge often reflected the relations of domination in the world. The East-West major project, as the History of Mankind, did not obtain all the impact that Unesco hoped in the world opinion. In spite of these shortcomings, Unesco contributed in an important way to international circulations of ideas and knowledge in the world.

Contribution à l’analyse de la circulation internationale des idées : le « moment 1900 » de la philosophie française et la philosophie pragmatiste américaine by Romain Pudal

This analysis of pragmatism’s receptions in France at the beginning of the twentieth century proposes several systems of interpretation about the international circulation of ideas. This article attempts to highlight the social and intellectual mechanisms which contribute to the diffusion of foreign intellectual work in French thought but also the obstacles they encountered.

Le polycentrisme des marges. Les « filières » belge et québécoise d’importation de la philosophie politique étasunienne contemporaine en France” (Mathieu Hauchecorne)

This article aims to analyze how the reception of John Rawls and US theories of justice among French philosophers has been impacted by their previous introduction in francophone philosophy departments in Belgium and Quebec from the start of the 1990s. We thus stress the necessity to distinguish linguistic frontiers and national frontiers in the study of the international circulation of ideas. We first explain why these francophone margins happened to be more open to US political philosophy than the French philosophical field. Then we show how this prior reception within the francophone periphery helped to accelerate the French reception. We study lastly how US theories of justice got politicized through this process, and translated according to the classifications prevailing in the Canadian and Belgian political fields.

New Issue – Zeithistorische Forschungen (Studies in Contemporary History)

The New Issue of “Zeithistorische Forschungen” of September 2011 is now available online and includes the following articles:

Verena Steller Zwischen

Geheimnis und Öffentlichkeit                                Die Pariser Friedensverhandlungen 1919und die Krise der universalen Diplomatie

The ‘old’ diplomacy of the nineteenth century relied on face-to-face-interaction as a universally acknowledged language of diplomacy. This globally accepted character of diplomacy was challenged by the universal experience of crisis, violence, and destruction brought about by the First World War: The public held the ‘old’ European secret diplomacy responsible for the war. Once public trust had been lost, diplomacy fell into a crisis of legitimacy and representation. The public sphere and the media demanded that decision-making processes in diplomacy be visible and transparent – a claim summarised in President Wilson’s emblematic New Diplomacy. Against the backdrop of current debates about a ‘new’ history of diplomacy, this article analyses the Paris Peace Conference of 1919 and especially the two official occasions of direct interaction between the Allied and German delegations at Versailles, where the Paris Peace Treaty was presented and signed. The article looks at the way in which the common language of diplomacy was lost during the course of these negotiations, which long-term factors were responsible for its disappearance, and how the war acted as a catalyst for these fundamental changes.

Kerstin von Lingen                                                                                                     „Crimes Against Humanity“
Eine umstrittene Universalie im Völkerrecht
des 20. Jahrhunderts

In 1945 in Nuremberg, the Allies advocated the new principle that human rights take precedence over national law, according to the idea that states should be held accountable for their deeds by means of justice. In this case, Nazi Germany was to be held responsible for crimes committed during the Second World War. Since the mid-1990s, further trials based on this rule have taken place in Rwanda, Yugoslavia and Cambodia. The trial of state elites for war crimes and ‘crimes against humanity’ in court has been very controversial and is still not accepted in many parts of the world today. This article presents the three main stages leading to transitional justice: first, the failed trials in Leipzig after the First World War; second, the International Military Tribunals in Nuremberg and Tokyo; third, the debate about the ratification of the International Criminal Court in Den Haag and the strong opposition to it in the USA, which has continued since 2002. Criticism focuses on the degree to which states are prepared to hand over parts of their national sovereignty, especially in justice, to supranational organisations.

Lasse Heerten                                                                                                                        A wie Auschwitz, B wie Biafra
Der Bürgerkrieg in Nigeria (1967–1970) und die Universalisierung des Holocaust

In the summer of 1968, the publication of images of starving ‘Biafran children’ turned the Nigerian Civil War into an international media event. The power of this ‘image act’ was partially fuelled by the fact that many contemporaries associated these images with photographs taken during the liberation of the concentration camps in 1945. This article outlines the international political communication about Biafra and analyses references to the emerging cultural memory of the Holocaust on the basis of media reports, activists’ publications and archival sources. The inscription of Biafra into the iconography of the Holocaust led to the establishment of a new rhetoric of Holocaust comparisons which made both events, the Nigerian Civil War and Nazi crimes, visible as genocide. This rhetoric effectively drew attention to the conflict, but fell short of apprehending its complex reality. When it became clear that Biafra was no ‘new Holocaust’, the power of the images and their accompanying rhetoric waned.

Andrea Rehling                                                                                             Universalismen und Partikularismen im Widerstreit:
Zur Genese des UNESCO-Welterbes

The origins and development of the World Heritage Convention are closely related to the conflicts which accompanied the revision of the postwar international order in the 1960s and 1970s. This article examines political debates about what constituted the ‘heritage of mankind’ in order to explain the shifting notions of particularism and universalism. Exemplary conflicts show that understandings of the categories ‘culture’ and ‘nature’ changed between 1950 and 1980, as a result of which two different rationalities underpinned the World Heritage Programme. In addition, the article analyses the expectations expressed in anticipation of the worldwide influence which this governance institution was to acquire. These shifting categories and public expectations may explain why the regional allocation of World Heritage Sites and the relation between cultural and natural heritage on the World Heritage List are uneven and inconsistent. The article makes a contribution towards the historical semantics of the concepts of ‘culture’, ‘nature’ and ‘heritage’ in the twentieth century.