OpenStreetMap: un aperçu critique

OpenStreetMap est une base librement accessible et modifiable de données géographiques dont le but ultime est de réaliser une carte détaillée du monde en utilisant l’apport de collaborateurs volontaires. Par sa nature le projet n’a donc pas de durée prédéterminée. Au contraire, il est par définition basé sur une évolution constante.

La page d'accueil du projet
La page d’accueil du projet

En principe, il s’agit d’un Wiki pour données géographiques. Ainsi, il n’est pas nécessaire de posséder un compte utilisateur pour pouvoir consulter la page, mais il faut bien en avoir un pour pouvoir éditer (ce qui est un inconvénient majeur pour toutes les personnes qui n’aiment pas offrir leurs données personelles en ligne). Le plus souvent, les collaborateurs utilisent des récepteurs GPS pour rajouter des données (sous le format GPX) à la carte.

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De tels récepteurs GPS sont utilisés pour enregistrer les données géographiques au format GPX (Image tirée de Wikimedia Commons (auteur: Dwight Burdette) sous la licence CC-BY-3.0)

Dans un deuxième temps, les utilisateurs peuvent enrichir la carte obtenue avec des informations plus détaillées, par exemple en rajoutant des points, C’est points peuvent être des bâtiments des forêts des magasins etc. (ou des chemins entre ces points). Cette division en deux étapes permet à tous les utilisateurs de contribuer leur savoir, même s’ils ne possèdent pas de récepteur GPS.

Le projet, lancé en juillet 2004 par Steve Coast, est coordonné depuis 2006 par la OpenStreetMap Foundation. Celle-ci s’occupe aussi bien du financement – qui est assuré notamment par des donations – que de l’administration.  A cause de la nature du projet (projet sans but lucratif, données Open Access), il est difficile de dire exactement quel est son budget. Ainsi, en 2013, les avoirs totaux du projet étaient d’environ 160000 livres Sterling, la plus grande partie étant la valeur des bureaux (environ 135000 livres Sterling) ((Des détails sur le financement du projet sont consultables sous le lien suivent: https://www.osmfoundation.org/wiki/Finances)).

Steve Coast s'adresse à une conférence sur Open Street Map en janvier 2015 (Source: Wikimedia)
Steve Coast s’adresse à une conférence sur Open Street Map en janvier 2015 (Image tirée de Wikimedia Commons (auteur: Raimond Spekking) sous la licence CC-BY-3.0)

 

Entre-temps, le projet est en collaboration avec des entreprises comme Microsoft (il y a recours aux images et cartes de Bing), mais aussi avec des autorités publiques par exemple avec la Bavière et avec des institutions académiques et éducatives (p.ex. l’Imperial College à Londres). Or, la plus grande majorité du travail est toujours réalisé par les collaborateurs volontaires, dont le nombre est à présent d’environ 2 millions. Les statistiques sur OpenStreetMap sont consultables en ligne dans un Wiki dédié ((http://wiki.openstreetmap.org/wiki/Stats#Registered_users)).

A cause de la nature collaborative du projet, la qualité des donnés varie fortement d’un lieu à l’autre. Il est évident que dans une région comme la Bavière en Allemagne, où les autorités publiques collaborent avec OpenStreetMap, la qualité des informations va être supérieure. Un autre problème est que la qualité est liée au moins indirectement à la densité de peuplement. Dans un lieu où il y a peu de gens, il y en a par définition encore beaucoup moins possédant le savoir local ainsi que le savoir technique pour contribuer de façon effective au projet. Cependant, comme de plus en plus de gens disposent de smartphones équipés de récepteurs GPS, il y a raison d’être optimiste que le réseau des données recueillies deviendra de plus en plus dense dans les années à venir.

Le projet est basé sur les connaissances géographiques des collaborateurs.
Le projet est basé sur les connaissances géographiques des collaborateurs.

En évaluant OpenStreetMap, on est toujours tenté de le comparer aux services de Google, de Microsoft et, plus récemment, d’Apple. Vu le pouvoir financier de ces entreprises, mais aussi vu la nature ouverte de OSM, cette comparaison n’est pas strictement valable. En même temps, il faut dire que les services comme Google Maps sont aussi facilement accessibles et ‘gratuits’ (l’utilisateur paye indirectement, p.ex. par des publicités), ce qui veut dire que la plupart des gens peut choisir librement entre les services. Il est clair que l’intégration dans l’écosystème de Google et l’utilisation extensive d’images satellites (parfois même en combination avec des visualisations en 3D) rendent Maps beaucoup plus attractif à première vue.

Cependant, il faut rappeler qu’OSM est tout à fait différent des concurrents commerciaux: comme c’est un service ouvert, il peut être utilisé par toute personne, pour par exemple l’intégrer dans une application pour smartphone ou tablette. A une époque où de plus en plus de gens savent créer/ utiliser de tels logiciels – qui souvent traitent des données géographiques d’une manière ou d’une autre – il est important d’avoir une base de données géographiques de haute qualité et librement accessible. Sinon, vu l’engagement en travail et en argent nécessaire pour la mise en place et le maintien d’un tel projet, ce domaine sera tôt ou tard occupé exclusivement par quelques grandes entreprises.

Article écrit par Benjamin Zenner et révisé par Myrna Tumelero.

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