Research in WMU: “World War 2 Propaganda Collections”

Critique d’un projet numérique autour de la propagande de guerre

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1) Revivre la propagande nazi à l’ère du digital

“World War 2 Propaganda Collections” est un projet numérique de la Western Michigan University dont les premiers efforts de digitalisation datent de 2008. Le projet a pour but de rassembler une vaste collection d’objets de propagande liés à la Seconde Guerre Mondiale, mais propose également des objets plus anciens tels que la devise allemande de 1933-1945.

2) Les donateurs et contributeurs du projet

La majorité du matériel numérisé provient de deux donations: La “Howard Mowen Collection” et la “Edwin W. Polk Collection”. Vétérans et professeurs, Mowen et Polk ont mis à disposition de l’Université de Western Michigan des livres militaires, journaux, pamphlets et autres matériel qui sont au coeur de la sélection de “World War 2 Propaganda Collections”. A côté de la WMU, le projet connaît d’autres contributeurs financiers tels que le Dr. Richard Burke et Bill & Maggie Donohoe qui ont investi dans la numérisation d’une partie de la collection Howard Mowen. ((http://web.library.wmich.edu/digidb/mowen/about.php))

3) Les techniques de digitalisation d’un centre universitaire de numérisation

Le projet témoigne des compétences et de l’expertise de l’Université dans la création de projets historiques numériques. Un bon nombre de techniques de numérisation maîtrisées se révèlent de grande utilité pour la qualité du projet. Parmi ces techniques on peut citer entre autres l’expertise en gestion des couleurs pour une qualité optimale du matériel, mais également la possibilité de capture de pratiquement toute taille ainsi que la haute qualité de photographie digitale (200 megapixel par image pour les copies) ou encore l’utilisation de scanners spéciaux pour certains documents. ((http://www.wmich.edu/library/services/digitization))

3.1) Une Coopération réussie: une interface, plusieurs collections

Le centre de numérisation de la WMU comprend un manager des systèmes et de la numérisation, Mr. Paul Howell, qui détient un Master scientifique en Paper and Imaging Science and Engineering, ainsi qu’une coordinatrice des projets numériques, Mme Cecelia Moore, qui à joint l’Université en Juillet 1998. Tous deux forment les personnes de contact du centre de numérisation de la WMU. Ce dernier travaille étroitement avec la société Luna Imaging qui propose des logiciels et scans pour des collections numériques. Ainsi toutes les collections numériques de la WMU, The World War II Propaganda Digital Collections inclus, sont regroupées via l’interface de Luna Imaging, ce qui permet notamment à l’utilisateur de naviguer à travers toutes les 21 collections.

Il est à noter que Luna Imaging s’avère être selon leur propres descriptions très populaires parmi les institutions états-uniennes. Ainsi Luna Imaging compte parmi leurs clients des institutions majeures, notamment des universités, collèges et musées ayant recours à leurs logiciels et/ou au service d’imagerie numérique.

4) Un site scientifique à audience globale

Alors que l’audience ciblée est plutôt scientifique, le visionnement des images à travers LUNA permet au projet d’avoir une dimension globale par son accessibilité à tout public. L’incorporation des collections dans le catalogue de la WMU, du MeLCat (Catalogue de la Michigan eLibrary) et WorldCat contribue également à l’accessibilité et durabilité des sources numérisées.

5) Les outils et techniques de présentation

5.1) Le problème de la répartition des sources

Les sources sont réparties en 4 catégories, ce qui permet au navigateur de retrouver des sources par sujet, par pays ou par période.

Par contre la recherche par endroit se révèle moins intéressante car elle regroupe tout document évoquant le pays ou étant exposé dans le pays en question. Ainsi un document de propagande communiste allemand peut être retrouvé dans la catégorie russe.

5.2) La recherche plein mot et ses limites

L’application de l’OCR (Optical Caracter Recognition) permet également une recherche à plein mot qui peut être optimisée par de nombreuses options de filtrage telles que le titre de collection, le contributeur, le créateur, la date, le sujet, le titre, etc. Par contre l’OCR présente également ses limites, les articles de journaux n’étant pas complètement transcrits pour permettre une recherche complète.

5.3) Zoom et Métadonnées: les points forts du projet

Un autre point fort du projet est son option Zoom qui est appréciable d’avantage grâce à la bonne qualité et la netteté des documents numérisés. Les métadonnés sont uniformes et complets. Les renseignements détaillés sur chaque document (collection, identificateur, titre, sujet, description, publicateur, date original, copyright, provenance, type, format, date de digitalisation, etc.) permettent non seulement d’attribuer aux sources leur valeur historique et leur utilité scientifique mais permettent également de les retrouver facilement à travers les options de recherche.

6) Les rubriques horizontales, clefs pour une navigation optimale

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Sept rubriques placées horizontalement sur la page d’accueil guident le navigateur à travers la collection. Les deux premières sont d’usage très basique et permettent à l’utilisateur de retourner « en avant » et « en arrière » aux pages déjà visitées de la collection numérique.

6.1) Explorer les différentes collections intégrées (rubriques 3 et 4)

La troisième rubrique regroupe les noms de et les liens vers toutes les collections numériques de la WMU, tandis que la quatrième rubrique invite à explorer le site. Ainsi peut-on parcourir tous les 424 objets numérisés de la The World War II Propaganda Digital Collections. Les objets sont visualisables en différentes tailles (petite, médium, large) et par différents nombres (50, 100 ou 250 objets par page), mais peuvent aussi être triés, à travers 4 champs sélectionnables selon la relevance, le créateur, la date originale, l’identifiant, ou le titre des objets, qui sont en outre tous dotés d’une fonction Zoom. De plus existe-t-il la possibilité de parcourir toutes les catégories alphabétiquement et numériquement.

6.2) Un espace de travail et de “non” partage (rubrique 4)

Toujours dans la rubrique “Explore” il est possible de parcourir des Media Groups qui ne contiennent pas de groupe publique à ce jour, d’essayer de consulter des présentations publiques encore néants (tandis qu’il existe à ce jour 3 présentations fermées faites grâce aux objets de la / des collection(s)), de créer un compte pour effectuer une External Media Search, donc une recherche de médias externes, et enfin de comparer les objets numérisés de toutes les collections de la WMU en les ajoutant dans le Workspace. L’espace de travail, lequel peut être partagé par un lien web et dans la capture de l’écran peut-être ancré dans d’autres sites, s’ouvre à l’utilisateur à travers d’une nouvelle page web tout en lui laissant la possibilité de travailler sur une fenêtre web et de continuer sa recherche par une fenêtre web distincte. Une fois ouvert, l’espace de travail permet de visualiser une panoplie d’objets tout en gardant leurs caractéristiques imposées par la WMU, notamment la possibilité de zoomer, d’agrandir, rétrécir ou d’effacer l’image et de faire appel au métadonnées qui contiennent des informations sur la collection.

6.3) Créer ses groupes médias et partager ses travaux (rubriques 5 et 6)

La cinquième rubrique s’intitulant Create offre la possibilité, après avoir franchi la barrière d’inscription, de créer des Media Groups et des présentations. La sixième rubrique, Share This, offre la possibilité de partager la page web par un lien qui est à copier/coller dans un email ou dans un message instantané.

6.4) Comment franchir la barrière d’inscription (rubrique 7)

La septième et dernière rubrique renvoie à une aide qui entre autres explique comment créer un compte afin de bénéficier pleinement des outils tels que la création de Media Groups et de présentations.

7) Conclusion

Plusieurs remarques et critiques méritent d’être évoquées:

7.1) Succès d’un projet open access à audience scientifique

Les outils dont dispose The World War II Propaganda Digital Collections, tels que la création de présentations et de Groupes Médias, l’espace de travail qui permet de comparer et  d’analyser en détails, grâce à la fonction Zoom, les couleurs, les représentations et la condition physique des objets numérisés, mais également l’incorporation de la collection dans un catalogue universitaire, local et mondial, ainsi que la conception de la collection par une Université qui se semble être spécialisée dans la création de collections numériques regroupés sur une plate-forme favorisant la recherche au sein des différentes collections abondantes en métadonnées et options de recherches avancées, suggère que le projet cible le domaine académique et scientifique. Le site s’avère idéal pour les chercheurs, professeurs d’histoire et étudiants d’histoire contemporaine, mais aussi d’économie (étant donnée le vaste nombre de billets de banque) et de médias. Les différentes fonctions de partage de l’information recherchée, comparée, et organisée sous forme de présentation ou de Groupe de Médias, soit par partage d’un hyperlien ou par partage publique ou fermé au sein de la plateforme Luna Imaging. et des catalogues, prouvent une attitude favorable à l’open access des sources, bien que biaisé par une barrière d’inscription à Luna Imaging.

7.2) Apports de The World War II Propaganda Digital Collections à divers champs-étudiés

D’une part, la collection et la possibilité de pouvoir rechercher dans toutes les collections numérisées de la WMU permet de faire de nouvelles connexions entre différentes thématiques, lieux, temps, objets et personnages. D’autre part la collection, dotée de sa puissante fonction zoom et de son espace de travail, semble particulièrement utile au niveau de la recherche et de la comparaison iconographique, p.ex. des billets de banque allemands et alliés.

7.3) Une panoplie de sources sans récit historique et à faible valeur éducative

A part un bref contexte de la source dans le descriptif (souvent traduit de l’allemand en anglais) le projet ne propose par contre pas de narration ou de publications autour de la propagande de guerre. Il est regrettable de ne pas trouver une rubrique dévouée au récit historique à travers les sources proposées ou à travers une exposition virtuelle. Néanmoins, le site maintient son intérêt pour tout passionné de sources primaires liées à la propagande de guerre et à tout chercheur autour de la thématique, mais renonce par son manque de valeur éducative et instructive à son potentiel d’attirer une plus large audience.

7.4) Les mérites de World War II Propaganda Collections

Le site mérite malgré cette critique tout son mérite: A côté de sa qualité d’images, de ses techniques de présentations et de ses riches métadonnées, “World War 2 Propaganda Collections” offre une vision multilatérale en se limitant non seulement à la propagande nazie mais en exposant également la propagande communiste et américaine.

Auteurs: Sami AGEL & Steve ENGEL

Editeur: Sami AGEL

Narrating Europe – Frédéric Clavert

4623814213_17bf0b02bf_zL’interview avec Frédéric Clavert, ingénieur de recherche pour le LabEx “Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe”, a été réalisé par Adrien Chetter, dans le cadre du cours Narrating Europe du Master en Histoire Européenne Contemporaine.

Monsieur Clavert, pouvez-vous vous présenter brièvement ? Quelle est votre fonction actuelle ? Quelle a été votre formation universitaire ? Quels sont vos intérêts de recherches ?

Je suis actuellement ingénieur de recherche à l’Université Paris Sorbonne. J’ai d’abord obtenu un diplôme de l’Institut d’Études Politiques de Strasbourg (histoire / droit public / sciences politiques de l’Europe / sciences économiques), puis un DEA (équivalent à l’époque d’un Master 2 recherche) en histoire des relations internationales et, enfin, une thèse (Université Robert Schuman – Strasbourg III, maintenant fusionnée dans l’Université de Strasbourg).

Mes intérêts de recherche touchent à deux points : l’organisation monétaire du continent européen au XXe siècle d’une part, les transformations numériques des sciences historiques d’autre part.

Votre thèse parle de Hjalmar Schacht. Pourquoi avoir choisis ce personnage comme sujet pour votre thèse ?

En dernière année de Sciences Po Strasbourg et pendant mon année de DEA, j’ai rédigé deux mémoires de recherche (‘The Economist’ et la politique économique du Front Populaire 1936-1939 et La mission van Zeeland, une tentative de clearing international) où, notamment lors des entretiens Blum-Schacht de l’été 1936, j’étais intrigué par Hjalmar Schacht. Recherchant des sources secondaires sur lui, je me suis aperçu qu’il n’y avait pas d’éléments solides. Cela correspondait à mes intérêts du moment (une très grande curiosité intellectuelle pour l’entre-deux-guerres) tout en les élargissant.

Quelles étaient vos principales sources pour votre thèse? Quelles difficultés avez-vous rencontrez concernant les sources ?

Il n’y a pas eu de grandes difficultés pour les sources si ce n’est 1. leur disparité, 2. le classement des fonds de la Reichsbank, sans indexation des personnes (indexation thématique seulement).

Les sources consultées : le fonds Schacht (BundesArchiv – BArch Koblenz) les fonds de la Reichsbank, du ministère de l’économie du Reich et de la chancellerie du Reich (BArch Berlin), les archives militaires allemandes (BArch Freiburg a. B.), les archives liées au tribunal militaire international de Nuremberg (Institut für Zeitgeschichte, Munich), les archives liées à la dénazification (Archives de Basse-Saxe), les archives de la Banque de France à Paris, de la Banque des Règlements internationaux à Bâle et de la Société des Nations à Genève. En outre, j’ai consulté toute une série de documents diplomatiques publiés (France, Allemagne, Suisse, Grande-Bretagne, États-Unis) et d’autres sources publiées (les journaux de Goebbels, les papiers Goerdeler).

Selon vous, quelles ont été les choses qui vous ont le plus influencées dans la rédaction de votre ouvrage ? (nationalité, profession, entourage, période de crise, etc.)

La lecture de la biographie d’Hitler par Ian Kershaw a été un moment très important. Pour le choix, avant la rédaction de l’ouvrage, de la période (l’entre-deux-guerres), il y a une influence implicite familiale certaine, même s’il est difficile de la détailler précisément (contexte alsacien et franco-allemand, mes grands-parents dont les années de formation se déroulent dans les années 1930 et pendant la Seconde Guerre mondiale avec fuite à Alger quand Strasbourg a été occupée, etc). Mon directeur de thèse, Sylvain Schirmann, qui envisageait un tel travail sur Schacht depuis longtemps et qui a réellement fait son boulot de directeur de thèse (entretien tous les trois mois, conseils pour le choix des sources, etc) a eu une influence réelle également.

Comment intégrer votre ouvrage dans une histoire de l’Europe ? Dans quel contexte européen se positionne votre étude ?

Au regard de l’histoire européenne, il y a plusieurs éléments dans ma thèse :
– Organisation économique, monétaire et politique du continent : l’entre-deux-guerres voit l’émergence de grandes institutions internationales publiques (Société des Nations notamment) ou plus ou moins privées (Banque des règlements internationaux) et voit les banques centrales s’organiser et organiser leurs relations internationales ;
– Les relations franco-allemandes, y compris après 1933 où elles ne sont pas si connues que ça ;
– Le régime nazi et, notamment, ses relations internationales économiques et monétaires, la manière dont il s’est imposé à l’Europe et l’interprétation dite fonctionnaliste de son fonctionnement.

Quelle science a le plus dominée lors de la rédaction de votre thèse ? La science historique ou la science politique ?

Les sciences historiques, même si j’ai regardé du côté de la sociologie notamment pour la méthodologie de la biographie.

Vous êtes-vous inspiré d’un ou plusieurs historiens lors de la rédaction de votre thèse ? Lesquels ? Pourquoi ?

Ian Kershaw, car il a livré la meilleure interprétation du régime nazi à ce jour. Detlev Peukert car il a une interprétation intellectuellement stimulante de Weimar. Borchardt car il a remué l’interprétation classique de la crise économique allemande. L’école française d’histoire des relations internationales, via Sylvain Schirmann, école historique dont je suis issu.

8. Quel est votre ouvrage relatant l’histoire de l’Europe préféré ? Pourquoi ?

Ce n’est pas uniquement une histoire de l’Europe, mais L’âge des extrêmes d’Hobsbawm est stimulante, donnant une réelle interprétation et vision de l’histoire.

Si vous devriez écrire un livre intitulé « Histoire de l’Europe », quelles grandes étapes et quelles périodes de l’histoire y figureraient ?

J’avoue ne jamais y avoir réfléchi. Je pense que ce serait une histoire monétaire de l’Europe sur le long terme.

Que pensez-vous de la citation « l’histoire est écrite par les vainqueurs » ?

Cette phrase est vraie dans un premier temps, pour l’historiographie qui suit très rapidement les événements, tout simplement car le vainqueur a intérêt à ouvrir ses archives pour se légitimer et que les historiens sont dépendant des sources primaires disponibles. Il arrive en outre que le vainqueur spolie les archives du vaincu. Mais on finit toujours par s’intéresser aux vaincus. Cela peut prendre du temps : les recherches sur les Gaulois, vaincus par Rome, ne s’émancipent de la vision de César de la Gaule vaincue que depuis quelques décennies…

Quelle était votre fonction au sein du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE) de Luxembourg? Que pensez-vous des centres tels que le CVCE ?

J’ai d’abord été chercheur en histoire de l’intégration européenne, puis coordinateur du Digital Humanities Lab.

Les centres tels que le CVCE sont de plus en plus nombreux. Ils mettent à disposition des sources primaires très importantes pour les historiens. Mais ils le font encore de manière anarchique, sans cohérence entre les uns et les autres, sans méthodologie suffisamment rigoureuse. De plus la « mise en données » (le processus de transformation d’une archive papier en information numérique) est souvent de mauvaise qualité ou n’est pas documenté. Il s’agit aussi souvent d’une sélection de sources, ces centres ne suivant pas toujours le principe archivistique du respect des fonds. Hors, c’est à l’historien de sélectionner, le plus possible, ses sources lui-même.

Il y a des initiatives (DARIAH au niveau européen) pour coordonner ces centres, pour mettre en avant des bonnes pratiques, des protocoles en commun, etc. Mais tout ceci est lent et nous sommes dans une phase de transition très incertaine, où de nombreuses boîtes noires sont introduites dans la recherche. En conséquence, le grand risque est que des pans entiers de l’historiographie actuelle soit à jeter à la poubelle dans quelques années.

Ceci étant dit, les perspectives ouvertes par les numérisations massives sont enthousiasmantes pour l’historien, notamment articulées avec la notion de lecture distante, c’est-à-dire la possibilité d’embrasser des archives massives grâce à des outils dédiés aux recherches historiques.

Les Humanités Numériques : un passage obligé pour les historiens d’aujourd’hui ? Si oui, pourquoi ?

Le « numérique » est de fait imposé par la « société » (disons l’environnement proche comme lointain des chercheurs). Les historiens n’ont simplement pas le choix, que ce soit pour l’accès aux sources primaires ou pour la publication et la valorisation de leurs recherches.

Préférez-vous publier un article scientifique sur format papier ou sur un blog internet? L’historien de demain publiera-t-il toujours sur format papier ?

Opposer format papier à blog ne me semble pas pertinent. Je ne publie pas la même chose dans une revue scientifique ou sur un blog. Qui plus est de plus en plus de revues publient sur plusieurs supports. Quant à l’évolution du format papier en lui-même, c’est très difficile à dire : le format papier pourra être « augmenté » (introduction de puces), devenir « connecté » et, si cela arrive, l’édition scientifique pourra à nouveau connaître de forts changements, tout comme aujourd’hui.

Vous êtes actif sur Twitter sous le compte Inactinique. Pourquoi ce pseudo ? Utilisez-vous Twitter à des fins professionnelles ou privées ?

Le pseudo vient de la période lointaine où je développais moi-même mes photographies argentiques en noir et blanc. Le terme désigne la lumière rouge (noir et blanc) ou vert-jaune (n&b ou couleur) que vous pouvez utiliser au moment du tirage des photos sur papier. Cela signifie « qui n’a pas d’action sur son environnement ». C’est à la fois un rappel de ce qui fut une passion, de la signification de ce terme qui est d’abord un aveu de (fausse?) humilité de l’historien face à son environnement social, de sa rareté qui pique la curiosité des autres.

J’utilise twitter de plus en plus de manière très professionnelle (facebook pour le privé). J’y discute parfois, j’y publie ma veille (les liens, articles qui m’intéressent ou que je suis en train de lire), je regarde ce que mes collègues y publient.

Prévoyez-vous d’écrire prochainement un nouveau livre ? Sur quel sujet ?

Oui : « La mise en données de l’histoire ». Mais il y a encore un long cheminement avant une éventuelle publication.