Jean-Michel Gaillard, énarque, docteur en Histoire, homme de gauche engagé et haut fonctionnaire de l’Etat français, né en né le 16 mai 1946 à Pont-Saint-Esprit, mort d’un cancer le 19 juillet 2005 à Paris, fût successivement enseignant, diplomate, conseiller de François Mitterrand à l’Élysée, dirigeant d’une chaîne de télévision (Antenne 2, auj. France 2), écrivain et magistrat à la Cour des comptes. Après avoir consacré plusieurs ouvrages aux grandes figures de la République françaises: Les 40 jours de Blum (2001), Biographie de Jules Ferry (1989), …, cet homme de gauche, partisan de la laïcité et européen convaincu s’attaque dans ce nouvel ouvrage non pas à l’histoire des Nations européennes, mais au contraire à l’Histoire commune du Continent européen de 1850 à l’an 2000, montrant à travers ces 150 ans d’histoire tragique, marquées par le déchainement des nationalismes qui conduiront le continent à deux guerres mondiales et des millions de morts, l’obligation selon l’auteur d’un futur européen passant par la collaboration de plus en plus étroite entre les Etats européens, voire un jour, le rêve d’une fédération des peuples européens.
Le livre “Histoire du continent européen[1]” commence par une citation de Victor Hugo de 1849 dans laquelle le célèbre romancier français exprime après le « printemps des peuples » de 1848, son souhait visionnaire et utopique de la création des « Etats-Unis d’Europe » pour éviter les guerres et faire face aux Etats-Unis d’Amérique, expression reprise par la suite en 1929 par Aristide Briand lors de son discours à la Société des Nations. Ainsi l’auteur décide de débuter son Histoire européenne après l’échec du soulèvement des peuples européens, qui se revolèrent pour plus de démocratie et pour plus de “Nations”. Cet introduction n’est donc pas anodine et veut montrer déjà au milieu du 19e les prémices de ce que nous connaissons aujourd’hui à travers l’Union européenne. Ensuite, ce livre se refuse d’être une juxtaposition d’histoires nationales, mais veut au contraire traiter le continent européen comme un acteur historique à part entière, comme une succession d’ensembles toujours menacés d’éclatement et rêvant à diverses formes d’unité. Ce livre tente donc à travers six chapitres [ I. Entre résistance et mouvement (1850-1880); II. Internationalismes et nationalismes (1880-1914); III. Cultures de guerres (1914-1953); IV. L’Europe provinciale (1954-1980); V. Une Europe émancipée (1980-1991); Europe ancienne et nouvelle Europe (1992- 2000)] de manière chronologique, d’aborder grâce à des études thématiques et particulières, d’être aussi précis que possible en touchant un large publique. De plus, Jean-Michel Gaillard et Anthony Rowley (pour ce dernier partie III. et V), outre d’avoir écrit cet ouvrage dans un français tout à fait accessible au plus grand nombre, ont enrichi leur œuvre en annexe par un récapitulatif chronologique et plusieurs cartes historiques, permettant au lecteur de mieux s’orienter. Ainsi tout en traitant du passé du continent européen ce livre est un formidable miroir vers l’avenir politique, économique et social de l’Europe actuelle. Selon les auteurs l’unité du continent pourra à l’avenir permettre de garantir la paix et la prospérité des populations européennes, qui après s’être longtemps affronter se dirigent obligatoirement vers un destin commun.
MOLINA Domenico
[1] GAILLARD Jean Michel et ROWLEY Anthony, Histoire du continent européen 1850-2000, Paris, édition du Seuil, (1998)¹ 2001.